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10 octobre 2017

Parfois nous nous accusons (mea culpa

Parfois nous nous accusons (mea culpa ! mea maxima culpa !) d’anthropomorphisme quand nous jouons des aliens, des nailfes (ou des eilns, je ne suis pas raciste). Nous nous accusons aussi de prétendre les jouer, pas de les jouer « réellement ».

Deux réactions à ça :

1. Ça va la tête ? Ce sont des jeux de rôles. J’ai beau monter mes exigences aussi haut que je le veux, c’est du JdR. Tant mieux pour moi si j’atteins des sommets d’interprétation, de compréhension et d’immersion de psyché étrangères, mais à partir du moment où je mets cette exigence dans mon propre chemin, c’est une erreur. Une faute si je la mets dans le chemin de quelqu’un d’autre.

2. Anthropomorphisme, c’est encore bien trop généreux. Sans très sérieux effort, je ne dépasse pas la projection de ma propre culture. Culturo-centrisme-morphisme ?

Et la question de savoir si c’est possible ou pas ? ¯\(ツ)/¯

23 commentaires:

  1. Voilà une question intéressante (en tout cas qui m’intéresse bien !).
    C'est pas un post qu'il faut c'est un podcast !
    Rien dans la question, il y en a trois qui se dégagent et qui méritent (toujours selon moi) qu'on s'y arrête :
    - C'est quoi interpréter un personnage en jdr ?
    Pour faire les deux, je suis persuadé qu'on ne joue pas son personnage de la même façon en jdr qu'en théâtre. C'est même deux approches fondamentalement opposées.
    - Doit-on maitriser une culture pour jour un personnage de cette culture ?
    Est-ce que j'ai le droit de jouer (et pire meujeuter) à L5R sans maîtriser le bushido ?
    Comment pensait-on au Moyen Age ?
    Suis-je obligé d'être un raciste phallocrate si je joue un détective privé dans les années 20 ?
    - Peut-on "inventer" une culture ou un mode de penser exotique (extraterrestre, gobelinoïde, uchronique...) sans être profondément influencé par la sienne ?

    On peut en rajouter une quatrième, que tu évoques aussi : et puisque c'est pour jouer, est-ce que c'est si important que ça ?

    Bon quand est-ce qu'on bloque une soirée pour parler de tout ça ?

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  2. Jouer des aliens ne me paraît pas aussi compliqué que d'incarner un paysan des plateaux andins, quand on y pense.

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  3. guillaume jentey Bon quand est-ce qu'on bloque une soirée pour parler de tout ça ? tu veux dire, quand est-ce qu'on conçoit un jeu pour poser ces questions ?
    (et s'il existe déjà, y jouer, mais personne ne m'a prévenu)

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  4. "L’homme a beau s’étendre tant qu’il veut par sa connaissance, s’apparaître aussi objectivement qu’il veut, [se persuader du fait qu'il peut s'extraire de ses propres biais culturels pour jouer un elfe en immersion totale] ; à la fin il n’en retire toujours que sa propre biographie." ("Humain, trop humain", presque dans le texte)

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  5. En suivant ce raisonnement plus loin, il devient difficile de jouer autre chose que ce qu'on est soi-même.
    Parce que là t'es sympa, tu parles d'elfe ou d'alien, mais à peine plus loin, il y a juste ce qu'on n'est pas tout à fait, humain mais d'un autre sexe, d'une autre culture ou d'une autre couleur de peau...

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  6. Il est difficile de jouer autre chose que ce qu'on est puisque jouer/interprété c'est construire à partir de ce qu'il y a dans la boîte (nous).
    On est une grosse boîte de Lego, avec on ne peut faire que des Legos mais rien ne nous empêche d'être une boite pour construire une voiture et faire un dinosaure avec...

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  7. guillaume jentey Ca rejoint exactement une problématique que j'ai rencontrée ce week end en jouant à un jeu de Thomas Munier sur la culture hawaïenne. On en a parlé et on a convenu de quelques éléments pour évacuer certaines gênes (personnellement, j'avais peur de caricaturer cette culture faute de connaissances). Je trouve que De Mauvais Rêves répond plutôt bien à cette problématique en évacuant la recherche du "réalisme", mais je dois le lire également pour savoir ce que le jeu en dit (je me fonde uniquement sur mes souvenirs de one-shot). Une problématique vraiment intéressante en effet.

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  8. Ensuite viens deux notions qui est très important (pour moi toujours) dans le théâtre : la vraisemblance et la sincérité.

    Quand j'écris ou joue des spectacles, je me sert d'une part de mes connaissances théoriques (je ne dis pas ma culture pour éviter la confusion).
    J'ai écrit par toute une série de spectacles qui se passent dans les années 20, j'ai fait des recherches mais je ne suis pas un expert universitaire et je n'ai jamais vécu à cette époque.
    J'ai donc écrit en fonction de ce que je connais et ce que je ressens de cette époque.
    Mais comme le théâtre est un art d'illusion et d'émotions, j'écris pour que mon spectacle donne l'illusion de se passer dans les années et procure les émotions que j'ai voulu procurer en choisissant d'écrire sur cette époque/ce sujet...
    Ici, pour moi, la vraisemblance est plus important que la vérité: j'écris une histoire pas un documentaire.

    La sincérité, c'est l'idée que vais nourrir ma boite (moi) d'un sujet - reprenons les années 20 - et que je vais le restituer non pas par mon intellect mais avec ma sensibilité.
    Je vais prendre un autre exemple : au mois de juin, j'ai jouer un spectacle écrit à partir de souvenir d'habitant d'un quartier de villeurbanne. J'ai notamment joué un monsieur que je connais et qui m'a raconté son enfance à l'orphelinat.
    Quand j'ai joué son souvenir, mon travail n'a pas été de le restituer tel quel en imitant celui qui me l'avais raconté, mais de créer un personnage qui raconterai cette histoire en procurant les mêmes émotions que celles que j'ai eu quand il m'avait lui-même raconté son souvenir.

    Et c'est sans doute une déformation professionnelle, mais c'est cette vraisemblance et cette sincérité que je cherche aussi dans le jeu de rôle et, il faut bien l'avouer, que je ne trouve pas toujours.

    D'ailleurs, cela peut paraitre étrange, mais je la trouve plus facilement dans un OSR par exemple ou un jeu dans un univers imaginaire que dans du Drama.

    J'arrête : je fais trop long ;)

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  9. Je viens de me relire : pouvez-vous faire abstraction de toutes les horribles fautes de mon précédent texte et mettre ça sur le compte de la fatigue, s'il vous plait...

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  10. L'OSR me semble plus sincère (et je ne vais pas détailler parce que j'aime asséner des vérités comme ça, démerdez-vous - pas le temps :) )

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  11. La vraie question n'est-elle pas: "Pourquoi se fader 300 pages de background, si au but du compte, on n'a pas les clés (genre, 3 à 5 particularités culturelles) pour incarner sincèrement telle ou telle ethnie/espèce/whatever?".
    1/ Parce que, parler de "réalisme" dans un jeu où on peut rencontrer des dragons ou voyager plus vite que la lumière...
    2/ Parce que, prendre 2 minutes pour poser ces clés (les mêmes que ci-dessus, donc), c'est quand même à la portée de n'importe quel rôliste, non?

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  12. d'où le fait que je préfère la vraisemblance à la vérité !

    Pour prendre un exemple que seul Bastien Wauthoz va comprendre : quand je jouais Iva, je n'essayais pas de réagir "scientifiquement"/objectivement comme doit réagir un golem de pierre mais plutôt de réagir sincèrement/subjectivement comme POURRAIT vraisemblablement réagir un golem de pierre.
    J'ai pris énormément de plaisir ce golem (cthon exactement) qui n'était pas un "humain de 2m50 fait de pierre" mais un caillou qui pense.
    Je ne sais pas si ça ce sent, ou si la nuance est visible. Mais c'est ce vers quoi je temps en tant que joueur.

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  13. Pierre M et Gaël Rouzic, j'ai juré de ne jamais révéler les blagues à propos de rase-motte et de QI que guillaume jentey fait sur vous. Et je suis du genre à tenir mes promesses, même imbibé de bière.
    >:-D
    Plus sérieusement... Je parlais aussi de sincérité pour faire écho à ton analyse très pertinent, Guillaume, ainsi qu'à la discussion que nous avions eue avec Fabrice Brabon .

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  14. Comme quoi rien de telle qu'une discussion en calbute autours d'un café après une nuit de 6 heures pour atteindre l'illumination ;)

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  15. guillaume jentey on veut pas savoir !

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  16. J'ai une idée : se dire qu'on interpréte un alter ego avec des limitations. Du coup, Non humain, anthropomorphes, etc...sont des formes de limites entre guillemets je dirais, le but étant de faire vrai avec ces contraintes, non? Vous avez 2h!

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  17. Une partie de l'intérêt des jeux de SF, c'est de découvrir "de nouveaux mondes étranges, de nouvelles cultures".
    Alors forcément moi j'aime bien trouver des cultures différentes.
    Quand je maîtrise, il arrive que certains de mes joueurs veillent jouer des xénologues et je leur ai fait un guide à cet effet.
    C'est donc possible, il faut juste que ce soit dans le contrat social.
    docs.google.com - Anthropologie et Xénologie

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  18. Bastien prends totalement un autre piste : que je réécrirais comme suit, notamment pour vérifier que l’on parle de la même chose : pourquoi se fixer sur le réel puisque nous parlons de jeux d’imagination ? Et il anticipe une des réponses possibles – la richesse inépuisable de notre monde – en soulignant que quelques éléments facilement maitrisables et bien posés génèrent une richesse de jeu incroyable. Piste que je ne peux qu’approuver, mais… Tout d’abord cela neutralise tout la série des plaisirs savants que j’ai soulignés plus haut, qui peuvent réellement faire partie de ce que les joueuses viennent chercher. D’autre part, cela ne fonctionne que tant que toutes les joueuses sont au même niveau, quand elles partent toutes du point de départ. Après avoir joué avec quelques joueuses 1, 2, 3 ans sur une telle-base, nous aurons développé les conséquences plus ou moins logiques de ces principes de bases, qui en eux-mêmes ne nous intéresseront plus. Les nouvelles arrivantes, nous leur donnerons bien la feuille qui pose les axiomes de base, mais nous serons en train de jouer avec l’encyclopédie que nous avons bâtie en partie. Les axiomes de base seront pour nous fatigués. Et les théorèmes que nous en auront déduits seront peu accessibles pour les nouvelles joueuses. (Ainsi naissent, vivent, mutent et meurent les gammes suivies de jdr.)

    Au final, les questions autour de cela sont très nombreuses et compliquées. Heureusement, autant en discuter abstraitement peut donner mal à la tête et prendre du temps, autant résoudre cela en pratique au jour le jour est assez facile une fois que l’on a pris conscience de la question :)

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  19. Oui mais du coup, AW a-t-il un système de combat ?
    désolé...

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  20. guillaume jentey si tu avait parlé de par exemple Monsterhearts, je t'aurais répondu non mais pour les autres? Dungeon World?

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  21. Je te rejoins mais...
    Tout d’abord cela neutralise tout la série des plaisirs savants que j’ai soulignés plus haut, qui peuvent réellement faire partie de ce que les joueuses viennent chercher.
    Ce genre de plaisirs ne s'apprécient que tant que tout le monde les appréhende. Ce qui ne veut pas dire que chacun doit être un expert. Plutôt que chacun doit avoir la gourmandise intellectuelle de questionner l'érudition des autres et comment ils la mettent en pratique.
    Pareil avec l'encyclopédie de l'Univers de jeu qui s'est construite au fur et à mesure de la Conversation.
    Au final, il faut que chacun trouve son plaisir dans ces digressions "savantes", basées sur le réel et/ou l'imaginaire.

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