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26 janvier 2017

Je fais un peu le point sur Diaspora* (cherchez pas ce que je cache avec cette astérisque, elle fait partie du nom...

Je fais un peu le point sur Diaspora* (cherchez pas ce que je cache avec cette astérisque, elle fait partie du nom officiel du truc, les geeks sont farceurs).

C'est un long post, je parle un peu de ce qu'est Diaspora* techniquement et éthiquement, avant d'aborder les fonctionnalités.

Régulièrement je me demande si ce ne serait pas mieux d'être par là-bas plutôt qu'ici. Comme souvent, comme manger bio ou équitable, c'est moins confortable mais cela peut-être satisfaisant et certainement stratégiquement-politiquement-éthiquement meilleur. Je vous rappelle que le boulot de Google est d'en savoir le maximum sur vous, plus que vous-même pour vous aider mais aussi pour diriger votre vie. L'ordinateur est votre ami.

Il n'y a pas là-bas toutes les fonctionnalités que l'on trouve ici. Il n'y a pas non plus les même difficultés ou problèmes.

La première grande différence avec Facebook et Google est que Diaspora* est un réseau social distribué, ce qui est probablement sa plus grande force mais pas sans revers. Il n'y a pas "un" Diaspora* comme il y a UN facebook et UN G+. Diaspora est un logiciel que chacun peut installer, créant ainsi un pod. Chaque pod peut accueillir des utilisateurs et communiquent entre eux pour se tenir à jour. Par exemple si Alice est inscrite sur joindiaspora (un des plus gros pod à l'heure actuelle) et Bob sur Framasphere (un autre, français mais hébergé en Allemagne pour des question de respect de la vie privée), quand Alice partage un truc avec Bob, Joindiaspora envoie le message d'Alice à Bob sur Framasphere. Comme cela quand Bob consulte son flux sur son Diaspora*, il voit le message d'Alice. (Et si Alice partage un truc, mais que personne chez Framasphere n'est destinataire, et bien le pod Framasphere ne reçoit aucun message.)

Ce qui veut dire qu'il n'y a pas d'autorité centrale pour détenir et observer toutes les données des utilisateurs. Cool, non ? Évidemment, ce n'est pas parfait : les gestionnaires du pod sur lequel vous êtes inscrit ont potentiellement accès à toutes vos données, les gestionnaires des pods de vos amis ont potentiellement accès à toutes les données que vous leur avez transmises. Les données sont pour le moment enregistrées en clair sur les serveurs, avec l'idée que quelles que soient les précautions techniques prises, au final, cela revient à faire confiance aux administrateurs de votre pod.
Par contre elles sont encryptée pour le transit entre pod, donc inaccessibles pour l'extérieur.

Donc il y a une constellation de pods indépendants, qui utilisent le même logiciel, qui communiquent entre eux, et pas de gestion centrale, ce qui protège vos données et ce qui en est fait.

Le logiciel est un logiciel libre (principalement sous la licence AGPL3) : chacun est libre d'examiner le code, le modifier, l'installer, l'utiliser, le modifier, de proposer des modifications... (ce qui demande des compétences techniques.) De plus, la gestion du devenir du logiciel est publique et démocratique : les questions, propositions sont discutées et votées publiquement sur la plateforme Loomio (en elle-même très intéressante) en plus des outils de collaboration disponibles sur Github (plus critiquable mais efficace). Le développement peut également être incité dans certaines directions en offrant des primes : une somme d'argent offerte contre une fonctionnalité.



Du point de vue des fonctionnalités, par rapport essentiellement à G+ :

- C'est un réseau social à partage asymétrique, comme G+, ce qui s'apellle ici cercles s'appelle là-bas aspects (et date d'avant G+). Vous arrangez vos contacts dans vos aspects.

- Quand vous postez un message, vous le publiez soit publiquement, soit vers tous vos aspects, soit vers un seul aspect.
Il n'y a pas d'option pour publier vers plusieurs aspects à la fois, vers des aspects étendus (y'a plus chez G+ non plus). Il y a une option de MP vers des personnes. (La vie privée étant une priorité des développeurs, ajouter quelqu'un à un aspect ne lui donne accès qu'au nouveaux messages envoyés dans cet aspect, pas à ce qui est antérieur.)

- Vous pouvez re-partager publiquement les messages publics, d'un clic. Uniquement les messages publics, pas les messages privés (partagés vers un aspect), pour des raisons de respect de la vie privée. Pour les messages envoyés vers un aspect, il y a le copier-coller.

- Vous pouvez aimer un message, cela vous abonne automatiquement à la discussion (notfications, emails...) comme si vous aviez commenté. Vous pouvez aussi vous en désabonner.

- Vous pouvez commenter. Mais il n'y a pas l'option d'aimer un commentaire (pour des raisons techniques, peut-être insurmontables, liées à l'aspect distribué du réseau).

- Il n'y a pas de collection, ni de communauté.

- Il n'y a pour le moment ni calendrier, ni évènements, ni sondage.

- Il n'y a pas pour le moment pas d'album photos (une fonctionnalité analogue de remplacement est en cours de développement, mais ce ne seront pas vraiment des albums ; pour des raisons d'espace disque sur la plupart des pods qui sont gratuits, c'est le renvoi vers des sites spécialisés dans ce domaine qui est privilégié).

- On peut tagguer des personnes dans un message, pas encore dans un commentaire (mais c'est dans les tuyaux).

- Le développement est un peu lent tout de même. ( Je ne dis pas que les dev ne s'y investissent pas.)

- Le compte Diaspora* ne sert pas de sésame d'authentification pour d'autres sites.

- Il n'y a pas d'émoticônes automatiques.

- Il n'est pas encore possible d'éditer les messages ni les commentaires (raisons éthiques, mais pourrait arriver avec une option de voir les versions précédentes du message). Par contre, pour les messages, il y a une fonction de prévisualisation du message avant l'envois.

- Les applications mobiles ne sont pas très développées par les dev de Diaspora*, mais comme c'est de l'open-source, il y en a quand même des fonctionnelles (au moins sous Android). Et la version mobile du site fonctionne est bien (sauf pour envoyer des images, mais on peut toujours demander au navigateur mobile d'utiliser la version desktop, ou utiliser une app).

- La fonction de rechercher est anecdotique. (Ne parlons pas de celle de G+.)

- Le format que l'on peut donner aux messages est plus fin que sur G+, avec une syntaxe simple (markdown), une barre de boutons de formatage pour aider et une prévisualisation.

- Selon les modules tiers installés pas votre pod hôte, vous pouvez avoir une répercussion de vos messages vers Facebook, Tumblr, Twitter et/ou Wordpress. (Pas G+ car Google n'en offre pas la possiblité.)

- Le chat en ligne est en développement et certains pod l'offrent déjà. (Sur un format ouvert, sûr et efficace, le xmpp, qui était anciennement utilisé par Google Talk avant qu'il ne devienne hangouts et ininteropérable.) Le vidéo chat est envisagé.

- Le flux montre tout, dans l'ordre chronologique de publication ou de dernière activité selon les cas. Il n'y a pas de filtrage ou de tri par un algorithme aux paramètres opaques comme sur G+ ou Facebook. (Savez-vous que maintenant G+ cache maintenant automatiquement non seulement des messages, mais aussi certains commentaires jugés non pertinents dans le flux d'une conversation sous un message ?)

- L'interface est sobre et efficace.


Au final, pour moi, le bilan est mitigé. Je regrette vraiment l'absence de fonctionnalités analogues aux collections, communautés et/ou les évènements.

4 commentaires:

  1. Tout ceci est fort intéressant en tout cas. J'espère que tu tiendras tes cercles au courant du développement de Diaspora (ou de solutions alternatives).

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  2. Un peu pareil. Le défaut majeur de Diaspora, c'est qu'il n'y a pas grand-monde. L'intérêt d'un réseau social, c'est quand même de connecter des gens; quand tes potes sont ailleurs, c'est moins cool.

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  3. Il y aurait un peu plus de fonctionnalités que je trouve importante pour mon usage (communautés, collections, calendrier/évènement/sondages), j'essayerais (en vain probablement, mais sur un malentendu...) d'y emmener des gens, mais...

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  4. Le fil d'actu n'est pas seulement alimenté par les aspects mais également par des mots clés (tags suivis) : sympa de voir des nouveaux contributeurs, qui peuvent ensuite venir alimenter lesdits aspects, sur des sujets habituels.

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